Quels objectifs d'un enseignement de la robotique ? Quelle évaluation ?

Quels sont les objectifs d’un tel enseignement de la robotique ?
La robotique propose un micro-monde d’apprentissage, intégré, coopératif, motivant, ludique et riche. On y aborde naturellement une démarche scientifique en identifiant et définissant des problèmes, en formulant des hypothèses, en expérimentant, en analysant, en argumentant.
La robotique s’inscrit dans le champ des sciences du numérique et de l’informatique, domaine essentiel pour des jeunes habiles avec les objets numériques qui leur sont familiers mais ayant également besoin de s’approprier des concepts qu’ils ne connaissent pas encore, afin de les dominer pour en tirer le meilleur.
Contribuer à la promotion et à la démocratisation de ces sciences est par ailleurs fondamental, pour plus tard, quand ils devront vivre dans un monde où l’innovation prend une importance croissante dans l’activité économique, et dans le développement humain.
On peut résumer ces objectifs de la façon suivante :
Objectifs éducatifs

  • Développer des compétences en informatique et en robotique.
  • Amplifier le plaisir d’apprendre.
  • Apprendre à travailler en équipe autour de projets.
  • Apprendre une démarche scientifique.
  • Développer la créativité.
    Objectifs institutionnels
  • Promouvoir les filières de formation scientifique et technologique.
  • Enseigner les sciences du XXIe siècle liées au numérique.
  • Promouvoir l’égalité des chances notament en luttant contre le décrochage scolaire.

L’évaluation de ces objectifs est un enjeu crucial, que nous ne développerons pas ici. Décrivons simplement les outils que nous utilisons, pour donner un aperçu de ce volet du travail qui prend aussi la forme d’un travail de recherche en didactique de l’informatique :
Une évaluation des compétences des élèves

  • Un portfolio numérique par équipe avec compte-rendu de missions, petits reportages, textes, photos, vidéos, carnet de voyage, …
  • Une présentation du portfolio devant les autres équipes.
  • Une observation par l’adulte accompagnateur.
  • Des QCM de connaissances.
    Une évaluation de l’enseignement
    Des indicateurs :
  • Connaissances en informatique et en robotique.
  • Plaisir d’apprendre.
  • Qualité du travail en équipe.
  • Rigueur, méthode.
    Des outils d’évaluation :
  • Questionnaire élèves en fin d’année.
  • Analyse des résultats aux tests de connaissance.
  • Analyse des observations durant les séances.
  • Analyse des portfolios et des présentations orales.

Conclusion : un levier pour l’égalité des chances.
L’initiation à la robotique contribue à la lutte contre l’échec scolaire. Elle suscite une pédagogie de projet, change le cadre d’enseignement en le rendant plus souple, moins stigmatisant, particulièrement pour les élèves en difficulté. Sa démarche de recherche active, son ouverture au débat, sont autant d’atouts pour faciliter l’expression d’élèves en rupture d’un cadre scolaire traditionnel et qui leur est mal adapté.
La robotique n’est pas la seule à proposer un cadre facilitateur de progrès mais celui-ci y trouve là facilement sa place, par la nature même des activités proposées.
Nous observons une appétence de la part des jeunes filles pour la robotique. Une porte d’entrée supplémentaire vers les sciences, particulièrement du numérique, domaine où on les voit peu à peu prendre leur place (46 % des participants au concours Castor Informatique et plus de la moitié des lycéen-ne-s inscrit-e-s en spécialité Informatique et Sciences du Numérique (ISN) de Terminale S sont des filles). Une tendance à conforter.
À travers la robotique, il est légitime de travailler différentes disciplines, notamment le français et les maths, disciplines qui prennent tout leur sens pour exprimer ou comprendre. L’aspect tangible est également un atout pour amplifier ce sens. Et la composante ludique, facteur de plaisir d’apprendre, ne fait que renforcer une autre vision de l’apprentissage, moins rigide et davantage portée vers la valorisation des individus en situation de recherche.
Cet enseignement de la robotique, et plus largement de l’informatique, est devenu indispensable dans une société où le numérique est à la fois si présent et si peu compris, où la technologie sépare les humains en deux catégories ; celles et ceux qui l’utilisent en en connaissant les bénéfices mais également les pièges, qui saisissent les fondements essentiels de la pensée informatique. Et les autres. La première catégorie doit croître aussi rapidement qu’il est possible, pour assurer un usage maîtrisé et sécurisé des technologies du numérique, si l’on veut veiller à ce que personne ne soit mis de côté et encore moins esclave d’un monde qu’il ne comprendrait plus.
Didier Roy